Un morceau qui vous a influencé et pourquoi ?

Je dirais Thank U Mum de St Germain. Après, c'est toute la musique de St Germain qui a été un peu ma porte d'entrée dans la musique électronique, et plus particulièrement la deep house. Ce morceau-là, je l'écoute encore aujourd'hui. J'ai toujours adoré ce mélange entre les sonorités organiques (pianos électriques, synthétiseurs, voix) et les rythmiques électroniques, les basses club. J'ai découvert ça vers 15 ans et ça été pour moi une petite révélation.

Qui est Hustache ?

Moi c'est Thomas Hustache, je viens d'Orléans en France. J'ai fait mes études d'ingénieur à Toulouse et aujourd'hui je bosse à Berlin depuis 3 ans, dans une boîte française. Je fais du développement Python pour des projets de machine learning.

J'ai un contrat à 80 %, donc 4 jours par semaine, ce qui me laisse 3 jours off pour faire pas mal de musique. Pour l'instant la musique c'est encore un à-côté mais depuis que je suis à Berlin j'essaie d'en faire plus sérieusement.

Depuis combien de temps êtes-vous dans la musique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à commencer ?

A 9 ans, mes parents m'ont inscrit dans une école de musique dans laquelle j’ai appris le solfège et le piano pendant 3 ans environ. Puis j’ai arrêté et J'ai commencé à m'intéresser à la musique électronique et à acheter des vinyles vers 16-17 ans. C'est aussi à cette période où j'ai commencé à mixer. Et vers mes 20 ans, j'ai installé Ableton et repris les cours de piano en parallèle.

Le vrai déclic je l'ai eu plus tôt vers 16-17 ans, avec un ami, Anatole aka Parea (nom d’artiste). Il possédait déjà 200-300 vinyles de house/techno. Je me souviendrai toujours de ce moment où je le regardais mixer dans son garage. Je me suis pris une grosse claque, je me suis dit "mais c'est quoi cette musique!!!". J’avais jamais entendu ça avant. Tout part de là, j'ai ensuite commencé à aller en soirées, à écouter beaucoup de house et tous les sous-genres de cette musique club.

Aujourd'hui je mixe beaucoup moins pour me concentrer exclusivement sur la production et l’apprentissage du piano jazz. J'ai envie d'aller vers une approche plus live, rejouer mes morceaux sur scène, avec mes claviers, je crois que ça correspond plus à mon profil maintenant.

Quels genres musicaux jouez-vous le plus ?

Je produis majoritairement de la deep house, tempo assez lent, 123-124 BPM. J'aime quand il y a de l'espace pour bien entendre les progressions d’accords, les synthés, les basses chaleureuses, groovy. Si on devait définir un sous genre on pourrait dire deep house/électro/minimal.

En revanche j'écoute et j’achète de la musique assez variée : du jazz, du classique, de la downtempo, un peu de pop/rock et aussi des formes plus expérimentales de musiques. Bien sûr j’essaye toujours de me tenir au courant des nouvelles sorties dans la house.

Quel matériel utilisez-vous pour mixer et produire ?

• DJing : 2 platines vinyles Audio-Technica LP120, une table de mixage Allen & Heath, et j'ai aussi deux CDJ-850.
• Production : une drum machine Elektron Digitakt, un clavier MIDI M-Audio 49 touches, un synthé analogique Moog Subsequent 37, un piano numérique 88 touches connecté en MIDI, des enceintes de monitoring Yamaha HS8 ainsi que mon ordi avec Ableton.

Au début (2017-2018), j'avais juste mes enceintes de monitoring et le clavier MIDI. En 2020 j'ai acheté le piano numérique 88 touches, puis l'été dernier la Digitakt, et cet été le synthé analogique. Petit à petit, j'ai augmenté mon setup en fonction des sonorités que je cherchais.

...et côté logiciels ?

J'ai toujours bossé sur Ableton, je trouve ce logiciel surpuissant et j'adore l'interface.

Côté VST :

• La collection Arturia, leurs pianos électriques notamment.
• Albino (Rob Papen) pour des leads mélodiques un peu acid.
• Diva (U-he) pour les basses, fantastique !

J'utilise aussi pas mal les synthés natifs d'Ableton, Operator ou Analog qui sonnent super bien.

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez voir simplifié en musique ?

Côté composition, pour moi il y a 3 difficultés majeures :

1. Difficulté harmonique : trouver des accords et des mélodies intéressantes.
2. Difficulté de sound design : Une fois les accords et mélodies trouvés, rendre cela intéressant avec des synthés originaux.
3. Arrangement : arranger un morceau est aussi dur que la partie sound design et ça a longtemps été un blocage.

Je ne sais pas si on peut simplifier ces étapes, mais on peut devenir meilleur dans chacune d’elles à force de passer du temps à composer et à prendre des cours, collaborer avec d'autres musiciens pour apprendre d’eux.

Côté DJing, se construire une collection, c'est dur. Ça prend du temps, parfois tu trouves un morceau qui te plaît beaucoup mais difficile d'en trouver d'autres du même style.

Comment découvrez-vous de nouvelles musiques ?

• Magasins de vinyles et site Discogs.
• Soundcloud : j'écoute beaucoup de DJ sets ça permet de découvrir de nouveaux DJs et morceaux.
• Spotify : leur algorithme de recommandation marche vraiment bien.
• Discuter de musique avec des amis !
• Les soirées à Berlin sont aussi une énorme source d'inspiration pour moi, je découvre toujours des choses incroyables.

Qui sont vos 3 artistes/DJs préférés du moment ?

• Zeitgeist Freedom Energy Exchange, un trio electro-jazz berlinois, j’adore comment ils mélangent l’harmonie jazz avec des sonorités très electroniques.
• Pierre Marty, qui fait du live avec ses machines, j'aime beaucoup son style minimal/électro/deep house justement.
• Pocket Club, un autre producteur français qui est probablement ma plus grosse source d’inspiration du moment.

Un conseil pour celles et ceux qui débutent ou aimeraient se lancer dans le DJing ?

Aller en soirées pour s'imprégner de la culture, comprendre comment les morceaux sont construits, comment les DJs mixent. Aller dans des magasins de vinyles, fouiller dans les bacs de nouveautés, être curieux, ne pas hésiter à demander conseils aux vendeurs qui peuvent vous recommander des disques. Utiliser Soundcloud pour écouter beaucoup de sets !

Pour la production, mon meilleur conseil est d’apprendre un instrument avec un professionnel, c’est primordial pour développer une bonne compréhension des concepts musicaux. Pareil pour l’apprentissage du logiciel, prendre des cours avec des personnes compétentes. C’est vrai qu’il y a beaucoup de ressources utiles sur YouTube maintenant (et j’ai aussi appris beaucoup de choses avec cette plateforme), mais je suis convaincu que ça ne remplacera jamais un accompagnement personnalisé avec un professionnel.